lundi 8 novembre 2010

L’enseignement : une question de culture

Dans le milieu scolaire, l’enseignant est l’élément premier de transmission de savoirs à l’élève. Ce qui est enseigné dans les classes pouvant différer d’une école à l’autre comme d’un enseignant à l’autre, les savoirs enseignés n’en demeurent pas moins uniformes dans une certaine mesure. Bien sûr, le contexte académique de l’école ne permet pas d’enseigner n’importe quoi aux jeunes et le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) avec son Programme de formation de l'école québécoise (PFEQ) aide les à diriger le corps professoral dans l’élaboration de leur enseignement. Donc, les savoirs transmis par le milieu scolaire répondent à un certain consensus social qui les considère comme partie prenante d’une culture à enseigner. L’enseignant, porté à partager la culture avec ses élèves est donc amené inévitablement à se questionner sur le concept de la culture est ce que celle-ci représente pour lui. Dans le but d’amener ses élèves à prendre connaissance de leurs connaissances antérieures et de leur culture comme partie prenante de leur identité, l’enseignant doit lui aussi connaître sa culture. Il sera alors en mesure de guider son groupe d’élèves dans de nouvelles voies culturelles qui lui sont adaptées et qui peuvent les intéresser. L’enseignant est alors un «sujet héritier, critique et interprète de culture» (MÉQ, 2001, p.61).

Culture première, culture seconde et personne cultivée

Ce blogue traitant de la culture en enseignement, je trouve qu’il est important de mentionner que j’ai créé cette page internet afin de présenter mes représentations personnelles de la culture et de son importance dans le milieu scolaire plutôt qu’une vision qui pourrait être plus commune de la culture. Ainsi, les définitions et les exemples d’objets culturels que je donne ici ne sont présentés à titre indicatif de ma culture individuelle. Cette démarche me vient de ma perception précédemment énoncée que l’enseignant ou le futur enseignant doit avoir connaissance de sa culture pour mieux pouvoir enseigner.

Lorsqu’on traite de la culture d’un individu, chacun se définit différemment des autres par ce dont il considère faire partie de sa culture. De ces diverses composantes, la culture peut être abordée selon deux angles différents : la culture première et la culture seconde. Qu’est-ce que la culture première ? Brièvement, il s’agit de tout ce que l’individu a acquis comme connaissances dans son milieu familial. Il peut s’agir de ses connaissances générales sur la vie en société, sur son mode de vie, sur sa religion, etc. Elle se différencie de la culture seconde par sa caractéristique d’apprentissages initiaux, d’apprentissages à la base de l’identité culturelle de la personne. La culture seconde, elle, est souvent un ajout à la culture première dans le sens où elle est apprise en second lieu. Souvent, la culture seconde est acquise en milieu scolaire bien qu’elle puisse aussi être apprise ailleurs. La personne cultivée est celle qui allie ces deux cultures pour n’en former qu’une seule. Toute personne est cultivée si l’on considère que touts, sans exception possède une culture première et une culture seconde. Il est important de préciser que même si la culture seconde peut varier en quantité d’une personne à l’autre, on ne peu si fier pour juger le niveau de culture des gens. Chaque culture étant personnalisée à l’individu, on ne peut juger de sa valeur ou de son niveau d’intelligence en fonction de sa culture. Par contre, il est intéressant d’avancer qu’une personne cultivée l’est davantage selon son degré d’ouverture d’esprit par rapport aux autres cultures est grande. Ainsi, la personne curieuse ou soucieuse d’apprendre continuellement serait davantage considérée comme étant cultivée.

Ma culture première / La culture chez nous

             Qu’est-ce qui compose ma culture première ? Ma culture est ce qui me différencie des autres, c’est ce qui compose mon identité et qui a contribué à l’élaboration de ma personnalité, de mes valeurs, de mes aspirations, etc. D’abord, je suis née d’une mère ontarienne et d’un père québécois – de souche comme on pourrait dire. On m’a appris, dès mon jeune âge, que le respect de soi comme le respect d’autrui sont l’une des choses les plus importantes dans la vie; que la différence est une force plus souvent qu’une faiblesse; que les préjugés sont à anéantir; que la curiosité est un avantage, car elle permet le développement d’une vision du monde plus élargie; que la persévérance et la détermination aident à se rendre loin dans la vie et que la connaissance est un objet de convoitise sans limites. De ses enseignements, je retire beaucoup de qui je suis, car ils sont des préceptes de vie pour moi : ils sont ma ligne de conduite.

Ma culture première, comme chacun, est un mélange d’un peu tout ce qui compose ma vie. Je suis fière d’être l’enfant de deux parents de provinces différentes, car cela me permet de détruire des préjugés autour de moi que certains ont face aux Ontariens. Je suis fière de ma parenté franco-ontarienne, tout autant que de mes racines amérindiennes et de ma culture québécoise. Étant ouverte d’esprit, je m’intéresse culturellement depuis l’enfance à presque tout.

Ma culture première / La culture dans mes écoles

            À l’école, ma curiosité culturelle était telle que dans mon milieu familial. Ayant de l’intérêt pour presque toutes les matières – même l’éducation physique où j’avais beaucoup de difficulté étant peu athlétique —, j’avais peine à identifier la matière que je préférais. Chaque discipline était pour moi une source d’apprentissage, quel qu’il soit. À la fin de mon primaire, ayant de bons résultats académiques, on m’inscrivit dans une « classe enrichie » en premier secondaire. Bien que mes résultats me le permettaient toujours, j’ai continué le reste de mon secondaire dans le programme d’enseignement régulier. Je me suis inscrite tour à tour dans des cours à choix de peinture sur bois, d’arts plastiques, d’arts dramatiques, de chimie, de physique, d’espagnol, d’anglais enrichi et de mathématiques enrichies. Je désirais tout connaître et expérimenter diverses choses. Ainsi, tout au long de mon parcours scolaire pré universitaire, je m’impliquai beaucoup à l’école comme à l’extérieur de l’école dans plusieurs activités telles que le journal étudiant, l’équipe de volley-ball, la caisse étudiante, l’aide au français et les événements sociaux (assurer la sécurité à des danses étudiantes et à un Happening jeunesse et participer à l’organisation d’un autre Happening jeunesse). Aussi, au collégial, dans le but de varier mon implication sociale, je me suis engagé dans l’association étudiante et dans la Banque de livres usagés du Cégep de Sherbrooke. Je cherchais alors à m’impliquer sur un plan plutôt politique dans ma collectivité. De mon engagement au cégep, j’ai développé mon esprit critique dans la vie en société et ma culture en a été améliorée, car j’ai beaucoup appris sur la politique, sur les politiques internes et sur les enjeux sociétaires au Québec.

La culture chez moi : aujourd’hui.

            Aujourd’hui, ma culture est chaque jour modifiée, car j’apprends toujours plus. Je suis à l’université et tente toujours de retirer de chacun de mes cours des apprentissages qui pourraient s’ajouter à mes connaissances antérieures. Les lectures comme les travaux qui me sont suggérés en classe sont l’occasion pour moi de me mesurer à de nouveaux éléments culturels comme de me surpasser en testant mes compétences à analyser, à écriture, à communiquer, etc. Je me plonge alors dans ce qu’on me propose avec curiosité et ouverture d’esprit. Lorsque j’ai un temps sans école, je m’adonne tout de même à toutes sortes de lectures et de recherches culturelles. La différence avec les travaux scolaires qu’on me demande est simplement que j’ai le choix de mes avenues de lecture et de recherche. Ce qui est par contre à retenir est mon goût toujours présent d’apprendre. Je crois pouvoir dire – sans trop me tromper – que mon choix inconscient de profession est conséquent avec ce désir d’apprendre. Le milieu scolaire est un lieu d’apprentissage par excellence, même pour l’enseignant. 

OK, mais qu’est-ce que j’apprécie culturellement ? Eh bien, j’ai un point faible pour le roman, le film, la musique et la création plastique. Je dresserai ici un portrait rapide de mes goûts en vous donnant quelques exemples de mes préférences, mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit que d’exemples et que ce ne sont qu’un aperçu de ma culture. En frais de littérature, j’ai mentionné aimer particulièrement le genre romanesque. Du genre romanesque, je peux dégager une autre préférence, celle pour le genre de récits fantastiques, imaginaires ou de science-fiction. Le monde des créatures magiques, du cercle arthurien, des mondes alternatifs est une grande source d’imaginaire pour moi et j’adore m’y perdre. Ainsi, malgré le caractère «grand public» des livres Les Chevaliers d’Émeraude[i], il s’agit d’une série que j’ai beaucoup appréciée. Aussi, je voue un grand amour pour la trilogie de Jean-Louis Fetjaine s’intitulant Le crépuscule des elfes, La nuit des elfes et L’heure des elfes[ii] et le livre des Récits de Médilhault[iii] de la Québécoise Anne Legault. J’aime aussi beaucoup les écrits d’Alessandro Baricco, notamment Océan mer[iv]. Autre que dans le type romanesque, un de mes classiques est l’essai L’espèce fabulatrice[v] de Nancy Huston, un écrit qui traite de l’identité en parallèle avec les notions de la réalité, de la fiction et de l’imaginaire. Pour ce qui a trait au film, j’ai tendance à plutôt apprécier pour leur contenu les films d’auteur, quoique j’apprécie – dans une perspective de simple divertissement – aussi les films de type grand budget américains. J’ai un faible pour les films qui me font réfléchir ou pour les films auxquels je m’identifie à un personnage ou à l’histoire. Quelques-uns des films auxquels j’accorde beaucoup d’estime sont – entre bien d’autres : Le liseur[vi], La plume et le sang[vii], Laurier Blanc[viii], Noces rebelles[ix], Elles étaient cinq[x] et Le sourire de Mona Lisa[xi]. Plusieurs d’entre eux ayant pour toile de fond l’Histoire, un roman ou un revirement social, il est clair que ma sélection de films exprime mon goût fort pour les récits qui dénotent une critique sociale que ce soit par rapport à un événement, à une période historique, à des actions ou à un bouleversement des mœurs.

La culture chez moi : dans le futur

          La vision que j’ai de mon futur sur le plan de ma culture est que ma culture sera très semblable à celle que j’ai aujourd’hui au sens que je compte garder mes pratiques culturelles au même niveau. Bien que j’aie enrichi ma culture avec le temps, je compte garder mon habitude de toujours m’informer sur ce qui se fait en littérature comme au cinéma et en musique. Pour moi, la culture d’un enseignant doit toujours être mouvante et s’élargir. L’enseignant doit se faire un devoir moral de sonner de l’importance à sa formation continue dans le domaine de la pédagogie, dans son domaine disciplinaire, dans la culture, dans la politique internationale, etc. Il doit avoir une grande ouverture sur le monde ainsi que sur les différents aspects de sa société et de sa planète. Il se doit d’être informé pour mieux enseigner et mieux partager sa soif de découvertes et d’apprentissages avec ses élèves.  

L’enseignant : passeur culturel

            Il est prouvé que l’enseignant fait toute une différence dans la réussite des élèves à l’école. La personne enseignante est un des acteurs principaux – avec les parents et autres acteurs - qui influencent l’élève dans ses apprentissages ainsi que dans sa motivation académique. L’enseignant se doit de transmettre à l’élève un savoir minimal qui s’avère être des éléments de culture : il a un rôle de passeur culturel. Tous les enseignants, toutes les matières confondues, s’entendent sur ce point. Mais, quelle culture enseigner? La culture enseignée dépend-elle de la disciplinaire d’enseignement ou cela a peu d’importance? Ce que je réponds à ces questions est que la culture n’appartient à aucune matière scolaire. Elle peut être partagée par n’importe quel professeur. Aussi, pour ce qui est de quoi enseigner en frais de culture, cela importe, car les objets culturels sont si divers que chacun peut y trouver son compte : enseignants comme élèves. Tout ce qui est nécessaire est alors un peu de volonté de chacune des parties pour que la culture traitée en classe soit intéresse la majorité et qu’elle souhaite s’impliquer dans les discussions, les projets et les activités en classe. Enseigner la culture ou la «Culture»? Peu importe, l’important est que les élèves éprouvent de l’intérêt pour ce qu’on leur enseigne.

Si l’on en vient à encore me demander pourquoi enseigner la culture en classe, je répéterai que la culture est l’outil adapté pour que chacun acquière une certaine ouverture sur le monde, sur l’immédiat et sur l’ailleurs, sur le passé et sur le présent, sur le connu et sur l’inconnu, sur le similaire et sur l’autre, etc.  

Reste que l’on peut toujours se demander comment enseigner la culture. En fait, c’est simple, la culture étant partie intégrante de nos vies, on en traite sans même s’en rendre compte. La culture est omniprésente et il faut que prendre le temps de la cerner pour mieux l’intégrer à notre enseignement. C’est seulement qu’en enseignement, il faut s’arrêter à dégager consciemment les éléments de culture que l’on veut partager avec les élèves et intégrer cette matière à notre enseignement, aux projets et aux activités que l’on propose aux élèves.   

Références


[i] ROBILLARD, A. Les Chevaliers d’Émeraude, Éditions de Mortagne, 2002.
[ii]FETJAINE, J-L. Le crépuscule des elfes, La nuit des elfes et L’heure des elfes, POCKET, 2002.
[iii] LEGAULT, A. Récit de Médilhault, L’instant même, 1994.
[iv] BARICCO, A. Océan mer, Gallimard, 2002.
[v] HUSTON, N. L’espèce fabulatrice, Actes Sud/Léméac, 2008.
[vi] DALDRY. S. (2008). Le liseur (Film). Etats-Unis.
[vii] KAUFMAN. P. (2000).  La plume et le sang (Film). Etats-Unis, Allemagne et Grande-Bretagne.
[viii] KOSMINSKY. P. (2002). Laurier Blanc (Film). États-Unis.
[ix] MENDES. S. (2009). Noces rebelles (Film). Grande-Bretagne.
[x] CÔTÉ. G. (2004). Elles étaient cinq (film). Québec.
[xi] NEWELL. M. (2004). Le sourire de Mona Lisa (film). États-Unis.